Le boom de l'IA à SF: jeunes PDG et décrocheurs universitaires en vedette

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Le boom de l’intelligence artificielle à San Francisco attire une nouvelle vague d’entrepreneurs, avec une augmentation notable de jeunes directeurs généraux d’une vingtaine d’années. Ces jeunes fondateurs établissent et développent rapidement des startups d’IA, souvent après avoir abandonné des universités prestigieuses pour saisir ce qu’ils perçoivent comme un moment technologique transformateur.

Parmi cette cohorte en pleine croissance figurent Brendan Foody, 22 ans, PDG de Mercor ; Karun Kaushik, 21 ans, PDG de Delve ; et Jaspar Carmichael-Jack, 23 ans, PDG d’Artisan. Chacun opère son entreprise d’IA à courte distance l’un de l’autre à San Francisco, ayant collectivement levé des millions de dollars et supervisant désormais des dizaines d’employés. Leur ambition universelle est de construire des entreprises qui atteignent une échelle significative.

Brendan Foody, par exemple, a quitté l’Université de Georgetown en 2023 après sa deuxième année pour s’immerger dans le domaine de l’IA. Son entreprise, Mercor, propose un filtrage de CV et des entretiens d’embauche basés sur l’IA. Cofondée avec ses amis de lycée Surya Midha (COO) et Adarsh Hiremath (CTO), tous deux âgés de 22 ans, Mercor a récemment obtenu 100 millions de dollars de financement, portant son total levé à plus de 132 millions de dollars et valorisant la startup à 2 milliards de dollars. L’entreprise emploie 150 personnes à San Francisco et en Inde, et est déjà à l’étroit dans ses bureaux actuels.

Karun Kaushik, 21 ans, a abandonné le MIT en 2023, déménageant en Californie après avoir développé un outil d’IA dans son dortoir. Il a cofondé Delve avec Selin Kocalar, 21 ans, également étudiante au MIT. Delve automatise les tâches de conformité pour les entreprises gérant des données sensibles, et la société a levé 35,3 millions de dollars avec une équipe d’environ 20 employés.

Jaspar Carmichael-Jack, 23 ans, a conçu l’idée d’Artisan en 2022 lors d’un voyage après le lycée. Son entreprise développe un assistant commercial basé sur l’IA et a levé plus de 35 millions de dollars. Artisan a attiré l’attention grâce à une campagne marketing provocatrice présentant des publicités aux arrêts de bus de San Francisco qui exhortaient les entreprises à « cesser d’embaucher des humains » et à « embaucher » plutôt son agent IA, Ava. Carmichael-Jack a noté que la campagne visait à intriguer les clients potentiels en exploitant les anxiétés du public concernant l’impact de l’IA sur les emplois.

Cet afflux de jeunes talents insuffle une énergie dynamique à un paysage de l’IA longtemps dominé par des géants technologiques établis comme Google et Nvidia, et des startups plus matures comme OpenAI. Parmi les autres jeunes fondateurs éminents figurent Scott Wu, 28 ans, de Cognition AI ; Michael Truell, 24 ans, de Cursor ; et Roy Lee, 21 ans, de Cluely. Alexandr Wang, 28 ans, qui a dirigé Scale AI avant que Meta ne le nomme pour diriger son nouveau laboratoire de superintelligence en juin, est une autre figure notable de cette génération.

Beaucoup de ces entrepreneurs partagent des liens universitaires ou des incubateurs de startups comme Y Combinator. Bien que leurs vies tournent autour des exigences intenses de la création d’une entreprise, ils favorisent également une communauté, participant à des activités comme des soirées Ping-Pong, des parties de poker et des événements de réseautage. Les sociétés de capital-risque nourrissent activement cette tendance, avec des programmes spécifiquement conçus pour les lycéens et les étudiants. Pete Koomen, associé général chez Y Combinator, a noté que l’âge médian des participants de leur cohorte la plus récente est tombé à 24 ans cette année, contre 30 ans en 2022.

Ce schéma fait écho aux booms technologiques historiques, rappelant l’arrivée de Mark Zuckerberg dans la Silicon Valley à 19 ans avec Facebook au milieu des années 2000, notoirement après avoir abandonné Harvard. Saam Motamedi, un investisseur chez Greylock Partners, compare ces périodes à un « échiquier qui change » où « tout est à prendre ».

Un profond sentiment d’urgence anime beaucoup de ces jeunes fondateurs. Jaspar Carmichael-Jack a décrit l’émergence de ChatGPT comme un « changement de paradigme » clair qui l’a contraint à s’impliquer. Surya Midha, COO de Mercor, a parlé d’une « urgence extrême » et d’une « angoisse existentielle » parmi ses pairs, estimant qu’il serait « fou de ne pas tout miser » sur une entreprise d’IA maintenant.

Cet environnement favorise également une nouvelle génération de fondateurs. Rithika Kacham, 22 ans, a abandonné Stanford en 2024 pendant sa dernière année pour rejoindre Mercor en tant qu’assistante exécutive avant de lancer sa propre entreprise, Verita AI, en mai. Verita AI connecte des professionnels avec des modèles d’IA pour aider à les former pour une plus grande précision, comme un expert en propriété intellectuelle s’assurant qu’une IA peut correctement identifier un dessin animé de Mickey Mouse. Kacham a observé que « presque toutes les personnes que je connaissais à Stanford abandonnaient leurs études pour cofonder une entreprise ».

La volonté d’innover rapidement est omniprésente. Mizan Rupan-Tompkins, 18 ans, étudiant de deuxième année à l’Université d’État de San Jose, prévoit de suspendre ses études l’année prochaine pour construire Stratus AI, un appareil conçu pour aider les tours de contrôle du trafic aérien sans pilote à faire atterrir les avions en toute sécurité. Ayant déjà obtenu un investissement de la société de capital-risque Founders Inc., Rupan-Tompkins a déclaré qu’il ne pouvait pas attendre sa remise de diplôme en 2028 pour démarrer son entreprise, soulignant : « Il vaut mieux être plus tôt que plus tard, juste au cas où je manquerais une sorte de vague. »

Cette énergie collective, alimentée par des avancées technologiques rapides et une faible barrière à l’entrée dans l’IA, crée un écosystème unique où les jeunes entrepreneurs sont à la fois férocement compétitifs et mutuellement solidaires, tous s’efforçant de laisser leur marque sur l’avenir.