Blizzard sous le feu des critiques pour l'art IA de Diablo Immortal
Une récente campagne promotionnelle pour le titre mobile d’Activision Blizzard, Diablo Immortal, a déclenché un débat féroce parmi sa base de joueurs, l’entreprise ayant révélé avoir utilisé l’intelligence artificielle pour générer des visuels marketing clés. L’événement “Renaissance Sombre”, lancé avec une série d’images étranges et gothiques, a rapidement attiré la colère des fans qui ont découvert que ces visuels obsédants étaient “créés avec l’IA”, une révélation faite sur le compte officiel des réseaux sociaux de Diablo Immortal.
La réaction a été rapide et passionnée. Sur des plateformes comme X (anciennement Twitter), les joueurs ont immédiatement identifié des signes révélateurs de génération par IA dans les illustrations, pointant du doigt des distorsions courantes telles que des doigts surdimensionnés et des poses non naturelles. Le sentiment de la communauté s’est rapidement aigri, un utilisateur déplorant : “Cela n’honore pas l’art sur lequel Diablo a été construit. Vous ne pouvez pas auto-générer une âme.” D’autres ont décrit cette démarche comme une “gifle” aux artistes professionnels qui ont méticuleusement façonné l’héritage visuel emblématique de la franchise pendant des décennies.
Pour beaucoup, l’indignation transcende la simple préférence esthétique ; elle touche au cœur de l’identité de Blizzard. La société s’est longtemps enorgueillie de son engagement envers une conception haute fidélité et artisanale, une marque de fabrique évidente dans les cinématiques peintes de Diablo III ou les donjons viscéraux et gorgés de sang de Diablo II. Assister à la génération par une machine, plutôt que par des artistes humains, de matériel promotionnel pour un nouvel événement dans le même univers, a sonné une note profondément discordante chez les fidèles de longue date.
Cette décision d’Activision Blizzard semble particulièrement malvenue compte tenu du climat actuel dans l’industrie du jeu. L’année dernière, Ubisoft a fait face à une controverse significative après avoir annoncé ses propres outils d’IA pour générer des dialogues de personnages non-joueurs, suscitant de vives inquiétudes sur les forums de jeux concernant le déplacement potentiel d’emplois et l’impact sur la qualité créative. La crainte sous-jacente chez les artistes et les fans est que les entreprises priorisent de plus en plus les marges bénéficiaires et l’efficacité au détriment de l’art humain qui définit souvent les propriétés intellectuelles chéries.
S’ajoute à la complexité de la situation l’histoire récente de licenciements importants au sein de Blizzard elle-même. Plus tôt cette année, Microsoft, qui possède désormais Activision Blizzard, a supprimé près de 1 900 emplois dans sa division de jeux, impactant directement les départements créatifs de Blizzard. Dans ce contexte, le déploiement de l’IA pour produire du contenu promotionnel, remplaçant apparemment l’effort humain, a été perçu par beaucoup non seulement comme une mauvaise image, mais comme un affront infernal. Les critiques ne tardent pas à souligner l’ironie d’utiliser l’IA pour une franchise qui a historiquement prospéré grâce à sa riche atmosphère, son lore profond et son art distinctif. Si l’IA offre de la vitesse, elle est considérée comme intrinsèquement incapable d’insuffler à une toile la passion, les cauchemars ou l’authenticité brute qui définissent l’univers de Diablo.
De plus, l’analyse de l’industrie, y compris les commentaires récents de Forbes, a souligné comment l’IA générative, malgré ses capacités flashy, échoue fréquemment à capturer la nuance et les détails complexes exigés par la production de jeux haut de gamme. Les fans, comme cet incident le démontre clairement, sont très attentifs à ces subtilités.
Les motivations précises de Blizzard pour cette décision restent spéculatives. Il pourrait s’agir d’une incursion expérimentale dans de nouvelles technologies, d’une mesure de réduction des coûts, ou peut-être d’une tentative de mesurer dans quelle mesure l’entreprise peut intégrer l’IA avant de faire face à un contrecoup insurmontable. Cependant, pour une partie significative de la base de fans de Diablo, cela peut déjà représenter un pas de trop. Comme l’a exploré The Verge plus tôt cette année, le paysage éthique entourant l’IA dans les industries créatives est complexe et semé d’embûches. Les entreprises qui ne parviennent pas à naviguer dans ces nuances risquent d’éroder la confiance de leurs communautés les plus fidèles.
En fin de compte, les joueurs forgent des liens non pas avec des algorithmes, mais avec des histoires captivantes, des personnages mémorables et la créativité humaine unique qui insuffle la vie aux mondes virtuels. Lorsque les fans de Diablo plongent leur regard dans l’abîme du feu et du soufre générés par l’IA, ils ne voient pas l’enfer ; ils voient un raccourci.