Le PDG d'Intel et ses décennies d'investissements dans les puces chinoises sous examen
Pendant plus de trois décennies, Lip-Bu Tan, aujourd’hui directeur général d’Intel, a été une figure éminente dans le monde du capital-risque, investissant stratégiquement dans l’économie chinoise en plein essor. Sa firme, Walden International, basée à San Francisco, a déployé plus de 5 milliards de dollars à travers un portefeuille de plus de 600 entreprises dans le monde. Une part significative de ces investissements, dépassant 100 transactions, a été dirigée vers des entreprises en Chine, capitalisant sur ce qui était alors perçu comme des opportunités claires de croissance et d’innovation.
Parmi ces jeux stratégiques figurait un investissement précoce dans Semiconductor Manufacturing International Corp. (SMIC), une entreprise qui était à l’époque une startup relativement obscure. Sous la direction de Tan, Walden International a aidé à nourrir ces entreprises naissantes, SMIC devenant finalement le plus grand fabricant de puces de Chine. L’implication directe de Tan s’est étendue au-delà du soutien financier ; il a siégé au conseil d’administration de SMIC pendant quinze ans, acquérant une connaissance intime des opérations de l’entreprise et du paysage plus large des semi-conducteurs chinois.
Cette longue histoire d’engagement profond avec le secteur technologique chinois, en particulier dans le domaine critique des semi-conducteurs, constitue désormais un arrière-plan complexe pour le leadership de Tan chez Intel. Alors que les tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine s’intensifient, avec les semi-conducteurs à l’avant-garde de la rivalité, les affiliations passées d’un PDG américain de la technologie de premier plan sont soumises à un examen croissant. Intel, pierre angulaire de la puissance technologique américaine, est au cœur des efforts de Washington pour renforcer la fabrication nationale de puces et réduire la dépendance vis-à-vis des chaînes d’approvisionnement étrangères, en particulier celles liées à la Chine.
Les liens de longue date de Tan avec des acteurs chinois majeurs comme SMIC, qui est depuis devenu un point central des restrictions à l’exportation et des préoccupations de sécurité nationale des États-Unis, présentent un défi unique. Alors que ses investissements ont été réalisés à une époque où l’intégration économique mondiale était largement encouragée, le climat actuel exige une navigation prudente des allégeances et des conflits d’intérêts perçus. Ses succès passés dans l’exploitation du marché chinois pour les rendements du capital-risque soulignent désormais la relation complexe et souvent tendue entre le commerce mondial et la sécurité nationale, plaçant le leadership d’Intel directement dans les courants croisés d’un paysage géopolitique en évolution rapide.