Recherche basée sur les tenseurs : Au-delà des limites de la recherche vectorielle

Thenewstack

À mesure que les applications d’intelligence artificielle deviennent de plus en plus sophistiquées, les limites des systèmes actuels de recherche uniquement basés sur les vecteurs deviennent apparentes. Bien que les plongements vectoriels aient été fondamentaux pour les tâches de similarité sémantique, leur nature unidimensionnelle est insuffisante dans les scénarios exigeant un filtrage structuré, des mises à jour en temps réel, un classement personnalisé et une compréhension multimodale complète. En termes simples, la similarité sémantique seule ne suffit plus ; ce qu’il faut, c’est une manière plus riche de représenter les relations complexes au sein et entre différents types de données.

C’est là que les tenseurs émergent comme la prochaine frontière en matière de représentation et de récupération de données. Alors qu’un vecteur est techniquement un tenseur unidimensionnel, les tenseurs généralisent ce concept à plusieurs dimensions, permettant des représentations beaucoup plus expressives et détaillées. De manière cruciale, les tenseurs préservent le contexte critique — tel que la séquence, la position, les relations et la structure spécifique à la modalité — ce qui les rend intrinsèquement mieux adaptés aux tâches de récupération avancées où la précision et l’explicabilité sont primordiales.

Considérons la différence fondamentale : les vecteurs aplatissent les données en une seule chaîne numérique. Un vecteur représentant une image, par exemple, condenserait toutes ses informations visuelles en un seul plongement. En revanche, un tenseur peut conserver la structure de l’image, permettant une représentation par ses cadres, régions et canaux de couleur. De même, pour le texte, un vecteur fournit un seul plongement pour une phrase entière, tandis qu’un tenseur peut représenter des jetons individuels dans ce texte, en préservant leur ordre et leurs relations. Cette préservation structurelle permet une récupération fine, comme la correspondance de parties spécifiques d’une image ou de mots individuels, et facilite les plongements sensibles au contexte qui maintiennent les relations sémantiques et spatiales entre différents types de données. Cette capacité améliorée sous-tend les techniques de récupération modernes comme ColBERT et ColPali, qui reposent sur la comparaison de plusieurs plongements par document, et non pas un seul. Tenter de reproduire une telle sophistication avec de simples vecteurs aboutit souvent à des architectures fragiles, nécessitant des pipelines externes complexes pour le reclassement, des services déconnectés pour le filtrage, et un assemblage de composants coûteux à maintenir et difficiles à mettre à l’échelle.

Cependant, l’exploitation efficace des tenseurs dans les applications du monde réel présente son propre ensemble de défis. Dans de nombreuses bibliothèques d’apprentissage automatique, les tenseurs sont souvent traités comme des tableaux non structurés, implicitement ordonnés, avec un typage faible et une sémantique inconsistante. Cela peut conduire à des API gonflées et incohérentes qui ralentissent le développement, à une logique séparée pour la gestion des données denses par rapport aux données creuses, et à un potentiel d’optimisation limité, ce qui entraîne un code difficile à lire et sujet aux erreurs. Ces problèmes deviennent particulièrement problématiques lorsqu’il s’agit de données hybrides, d’entrées multimodales et de pipelines complexes de classement ou d’inférence, tels que ceux que l’on trouve dans les systèmes de Génération Augmentée par Récupération (RAG).

Une approche plus pratique pour intégrer les tenseurs dans les pipelines de récupération nécessite un cadre formalisé construit sur des principes fondamentaux. Premièrement, elle exige un ensemble minimal et composable d’opérations de tenseur. En remplaçant les API lourdes par une petite collection d’opérations fondamentales mathématiquement fondées, le développement devient plus rationalisé, le code est plus facile à déboguer et les opportunités d’optimisation — comme la vectorisation et la parallélisation — sont améliorées. Deuxièmement, un support unifié pour les dimensions denses et creuses est crucial. Les données arrivent souvent sous des formes mixtes ; un produit de commerce électronique, par exemple, pourrait avoir des plongements d’images denses à côté d’attributs creux comme la marque ou la taille. Les gérer séparément ajoute une complexité inutile. Un cadre de tenseur unifié peut combiner de manière transparente les plongements d’images d’un produit et ses attributs structurés en une seule représentation, ce qui permet de les interroger ensemble et de les alimenter directement dans le même pipeline de classement sans conversions de format. Cela simplifie non seulement le développement, mais permet également une notation de pertinence plus riche et plus précise en mélangeant la similarité visuelle avec le filtrage basé sur les attributs en temps réel.

Enfin, un typage fort avec des dimensions nommées ajoute une couche vitale de clarté sémantique. Au lieu de s’appuyer sur des indices numériques, les dimensions nommées fournissent des étiquettes lisibles par l’homme pour chaque axe des données, telles que product_id, color_channel ou timestamp. Cela rend les calculs plus sûrs en prévenant les incompatibilités de dimensions qui pourraient produire silencieusement des résultats incorrects, tout en rendant le code immédiatement plus compréhensible. Le résultat est un cadre où la logique est à la fois explicite et maintenable, réduisant considérablement les erreurs coûteuses et accélérant l’itération sans sacrifier la précision.

Bien que la recherche vectorielle ait été un puissant catalyseur pour de nombreuses applications d’IA, ses limites deviennent de plus en plus claires à mesure que les systèmes deviennent plus complexes, dynamiques et multimodaux. Les tenseurs fournissent la base robuste qui manque aux systèmes uniquement vectoriels. Si les vecteurs aident à récupérer, les tenseurs donnent aux systèmes le pouvoir de raisonner. Contrairement aux vecteurs plats, les tenseurs préservent le contexte structurel, permettent une logique hybride à travers divers types de données et supportent des calculs significatifs, ouvrant la voie à des applications d’IA plus sophistiquées et précises dans des environnements de production en temps réel.