«Dead Take»: Quand les FMV et acteurs réels magnifient l'horreur

Theverge

Surgent Studios, connu pour Tales of Kenzera: Zau, se plonge dans le genre de l’horreur avec Dead Take, un jeu qui explore les profondeurs glaçantes de l’ambition et les sacrifices que l’on pourrait faire pour la célébrité. Bien qu’il utilise des clichés d’horreur standard comme les jumpscares pour faire monter l’adrénaline, les moments les plus profondément troublants du jeu ne proviennent pas de peurs soudaines, mais des performances brutes et captivantes de son casting.

Les joueurs incarnent Chase Lowry, interprété par Neil Newbon, un acteur en difficulté cherchant désespérément à retrouver son ami, Vinnie Monroe (Ben Starr), dans le sinistre manoir du mystérieux producteur hollywoodien Duke Cain (Abubakar Salim). Dead Take mélange harmonieusement les éléments d’exploration et de résolution d’énigmes familiers aux fans de Resident Evil avec une narration presque entièrement transmise par des cinématiques en Full Motion Video (FMV) – une technologie qui remonte aux premières ères du jeu vidéo mais qui semble remarquablement fraîche ici. La boucle de gameplay principale implique la découverte de clips vidéo fragmentés – incluant des interviews, des auditions et des messages personnels – puis leur assemblage méticuleux à l’aide d’un éditeur IA avancé. Ces vidéos nouvellement assemblées dévoilent progressivement des points d’intrigue cruciaux et des solutions à des énigmes complexes. Bien que ce mécanisme puisse sembler typique pour un jeu vidéo, son véritable impact réside dans l’engagement extraordinaire des acteurs.

Tout au long de Dead Take, les joueurs sont témoins des tentatives de plus en plus désespérées de Vinnie pour décrocher un rôle convoité dans le prochain blockbuster de Duke Cain. Sa soif de succès est palpable, atteignant son paroxysme lorsqu’un appel inquiet de Chase interrompt une audition, poussant Duke à remettre en question le dévouement de Vinnie. Dans une démonstration glaçante de son ambition qui s’effiloche, Vinnie s’en prend brutalement à Chase. Contrairement à de nombreux protagonistes de jeux vidéo, qui servent souvent de toiles vierges pour la projection du joueur, Chase Lowry, à travers l’interprétation de Newbon, se sent distinctement défini, rendant difficile pour le joueur de simplement l’habiter. C’est une force, car les performances en direct d’acteurs de chair et de sang s’avèrent bien plus captivantes que leurs homologues polygonaux. Bien que Newbon et Starr aient livré d’excellentes performances vocales dans des titres comme Baldur’s Gate III et Final Fantasy XVI, leur présence à l’écran dans Dead Take élève leur art à un tout autre niveau.

La performance de Ben Starr dans le rôle de Vinnie est particulièrement remarquable, offrant des moments qui dérangent réellement. Bien que quelques jumpscares aient été efficaces et que l’atmosphère calme et troublante du manoir ait parfois fait sursauter le critique à sa propre ombre, c’est la performance de Starr qui constitue l’élément le plus terrifiant du jeu. Une scène spécifique, lors d’une prise d’audition, dépeint Vinnie libérant un cri primal sur son co-star, rappelant certaines explosions tristement célèbres de la vie réelle. Ce moment est exécuté avec une telle puissance viscérale et une émotion brute qu’il brouille la frontière entre l’acting et la réalité, créant une résonance perturbante pour quiconque est familier avec les comportements volatils et abusifs.

Toutes les performances dans Dead Take ne sont pas une représentation glaçante du côté obscur de l’ambition. Le jeu intègre également des éléments d’humour, notamment à travers Sam Lake (connu pour son travail sur la série Alan Wake de Remedy), qui offre une interprétation hilarante en tant que réalisateur déchu. Un soulagement comique supplémentaire découle du dispositif scénaristique astucieux qui voit les acteurs britanniques Ben Starr et Neil Newbon jouer des acteurs américains tentant des accents du Sud, menant à des moments amusants lorsque leurs personnages soigneusement construits vacillent momentanément.

Pourtant, malgré ces touches plus légères, Dead Take reste fermement ancré dans son engagement envers l’effroi. Sans l’intégration des FMV, le jeu serait probablement une entrée compétente mais finalement oubliable dans le genre de l’horreur. Cependant, en adoptant une technologie que certains pourraient considérer comme désuète, Surgent Studios a transformé Dead Take en une expérience d’horreur remarquable, même pour ceux qui évitent généralement ce genre.