Trump vise l'assouplissement de la loi sur l'eau pour les centres de données tech

Wired

La Maison Blanche a dévoilé un nouveau « Plan d’action pour l’IA » qui propose des changements significatifs aux réglementations environnementales, en particulier celles relevant de la Clean Water Act (Loi sur l’eau propre), afin d’accélérer le développement des infrastructures d’intelligence artificielle (IA), y compris les centres de données. Ces changements proposés s’alignent sur les suggestions précédemment formulées par de grandes entreprises technologiques comme Meta et des groupes de lobbying représentant des entreprises telles que Google et Amazon Web Services.

Le cœur du plan de la Maison Blanche implique la rationalisation des processus d’autorisation et, potentiellement, la création de nouvelles exclusions catégoriques de l’examen environnemental pour les centres de données liés à l’IA. Plus précisément, le plan vise à explorer la nécessité d’un permis national de la Section 404 de la Clean Water Act pour les centres de données, ce qui éliminerait les retards de pré-construction et limiterait la participation publique et l’examen fédéral. La Section 404 de la Clean Water Act réglemente le rejet de matériaux dragués ou de remblai dans les « eaux des États-Unis », y compris les zones humides, et exige généralement un permis pour des activités telles que le remblayage de marais ou le détournement de cours d’eau. L’obtention de permis individuels de la Section 404 peut être longue et coûteuse.

Cette poussée vers la déréglementation intervient au milieu des préoccupations croissantes concernant l’empreinte environnementale de l’IA et des centres de données. Les centres de données, essentiels pour l’entraînement de modèles d’IA complexes et la gestion des requêtes des utilisateurs, consomment de vastes quantités d’eau principalement pour le refroidissement de leurs équipements. En moyenne, un centre de données peut utiliser environ 300 000 gallons d’eau par jour, ce qui équivaut à la consommation d’eau de 100 000 foyers. Certaines estimations suggèrent qu’un seul grand centre de données peut consommer entre 3 et 5 millions de gallons d’eau par jour, comparable à la consommation d’eau d’une ville de 30 000 à 50 000 habitants. D’ici 2027, la consommation d’eau de l’IA devrait atteindre un niveau alarmant de 6,6 milliards de mètres cubes à l’échelle mondiale. L’eau utilisée pour le refroidissement est souvent de l’eau douce, ce qui intensifie la pression sur les ressources en eau douce, en particulier dans les régions soumises au stress hydrique. De plus, l’eau chauffée provenant des systèmes de refroidissement ne peut souvent pas être rejetée dans l’environnement en raison du risque de pollution thermique.

Les besoins énergétiques des centres de données d’IA sont également substantiels, entraînant une augmentation de la consommation d’électricité et des émissions de gaz à effet de serre associées, en particulier s’ils sont alimentés par des combustibles fossiles. L’Agence internationale de l’énergie estime que la consommation mondiale d’électricité des centres de données pourrait plus que doubler d’ici 2030.

Les groupes et défenseurs de l’environnement ont exprimé une forte opposition aux reculs proposés, arguant qu’ils prioriseraient les intérêts des entreprises sur la santé publique et la protection de l’environnement. Les critiques soulignent qu’affaiblir ces protections pourrait entraîner une plus grande pollution de l’eau, une augmentation des dégâts dus aux inondations et moins de garanties pour les communautés. Ils notent également que si les entreprises technologiques publient souvent des objectifs climatiques ambitieux, leurs efforts de lobbying en matière de politique climatique ont été moins proactifs.

L’administration Trump a un historique de déréglementation environnementale, ayant précédemment abrogé la Clean Water Rule en 2019, ce qui a supprimé les protections pour une partie significative des cours d’eau et des zones humides du pays. Une règle de 2020, la Navigable Waters Protection Rule, a davantage déréglementé un quart de toutes les zones humides et un cinquième de tous les cours d’eau aux États-Unis, y compris 30 % des bassins versants qui fournissent de l’eau potable.

Le « Plan d’action pour l’IA » de la Maison Blanche présente les permis environnementaux comme un obstacle au développement rapide des infrastructures, déclarant que le système actuel rend « presque impossible de construire cette infrastructure aux États-Unis avec la vitesse requise ». Bien que le plan suggère d’utiliser l’IA pour accélérer les processus d’autorisation, il inclut également explicitement des dispositions visant à réduire ou à rationaliser les réglementations environnementales en vertu de la Clean Water Act et de la Clean Air Act. Cette approche est considérée par certains comme une « braderie » qui pourrait entraîner une augmentation des coûts d’électricité pour les Américains ordinaires afin de subventionner l’énergie à prix réduit pour les centres de données d’IA massifs.