Kilopixel: L'Art Pixel en Bois Prend Vie Grâce aux Robots
Dans un monde de plus en plus dominé par les écrans numériques instantanés et à haute résolution, un ingénieur logiciel basé au Wisconsin, nommé Ben Holmen, a passé six ans à fabriquer méticuleusement une machine artistique délibérément inefficace, mais captivante : Kilopixel. Cet affichage interactif de pixels en bois, présenté par 404Media.Co, transforme une machine CNC et un millier de blocs de bois en art pixel tangible en temps réel, offrant un mélange unique de charme rétro et d’interactivité moderne.
Kilopixel est une grille de 40x25, totalisant 1000 pixels, chacun étant fabriqué à partir d’un cube de bois précisément conçu. Contrairement aux millions de pixels qui changent soixante fois par seconde sur l’écran d’un smartphone moderne, Kilopixel ne change qu’un seul pixel à une vitesse de seulement dix par minute, ce qui en fait “l’écran de 1000 pixels le plus impraticable du monde”. Cette lenteur intentionnelle fait partie de son attrait, invitant les spectateurs à une appréciation méditative de la formation progressive de l’œuvre d’art.
Le mécanisme derrière Kilopixel est une merveille d’ingénierie personnalisée. Holmen, explorant initialement des options comme les balles de ping-pong, s’est finalement tourné vers les blocs de bois cubiques en raison de leur précision et de leur apparence. Chaque bloc est enfilé sur des étagères à l’aide de fils métalliques, assurant un mouvement indépendant. Une machine CNC construite sur mesure, semblable à un traceur XY mural, est au cœur de l’opération. Elle utilise un “mécanisme de poussée de pixel” contrôlé par le code G, le même langage utilisé dans la programmation CNC, pour faire pivoter les blocs de bois. Lorsqu’un “bâton de colle” est poussé, le pixel tourne, changeant sa couleur visible. Un Raspberry Pi connecté au contrôleur CNC interroge une API, écrit le code G nécessaire pour se déplacer vers un pixel spécifique, active le poussoir, puis lit un capteur de lumière pour déterminer le nouvel état physique du pixel, renvoyant cette information à l’API.
Ce qui distingue vraiment Kilopixel est sa nature interactive. Holmen a conçu une interface web (kilopx.com) qui permet aux utilisateurs de soumettre leurs propres designs d’art pixel 40x25, les soumissions les plus populaires étant ensuite dessinées. Il existe également un mode de collaboration en temps réel où les utilisateurs peuvent collectivement changer les pixels, bien que cela fonctionne mieux avec moins de participants. La machine est installée dans le bureau de Holmen et diffuse son processus de dessin lent et délibéré en direct sur YouTube, permettant à un public mondial de voir l’art se déployer pixel par pixel. Holmen envisage que le Kilopixel soit éventuellement installé dans des espaces publics comme les cafés, où il pourrait afficher des dessins soumis par les utilisateurs, faciliter l’art collaboratif ou générer des motifs en “mode inactif”.
Le projet Kilopixel représente une intersection fascinante de la technologie, de l’art et de la patience. C’est un témoignage de la dévotion d’un créateur qui a passé six ans à donner vie à un “affichage de pixels en bois ridicule”, englobant le développement d’applications web, la conception de contrôleurs physiques, la fabrication CNC personnalisée, la modélisation 3D, l’impression 3D et l’approvisionnement en matériaux. À l’ère de la gratification instantanée, Kilopixel se présente comme un rappel convaincant et tangible de la beauté trouvée dans la création lente et délibérée et de l’art inattendu qui peut émerger de l’ingéniosité mécanique.