Le Royaume-Uni adopte l'IA pour ses services publics, mais gare aux «hallucinations»
Le gouvernement du Royaume-Uni a dévoilé une suite ambitieuse de programmes «Exemplar», signalant un bond significatif dans le domaine de l’intelligence artificielle avec la promesse de générer des milliards en valeur économique et de remodeler fondamentalement les services publics. Au cœur de ces initiatives se trouve une vision d’assistants virtuels alimentés par l’IA, conçus pour guider les citoyens à travers les complexités labyrinthiques des formulaires gouvernementaux et du jargon juridique. Alors que le secrétaire à la Technologie, Peter Kyle MP, affirme que cela pourrait offrir un niveau de service «inimaginable», aidant les individus à trouver des opportunités de carrière et réduisant les charges administratives, les critiques soulignent immédiatement que ces outils sont destinés à aider à naviguer dans la bureaucratie existante, plutôt qu’à la simplifier en premier lieu.
Une composante clé de cette stratégie axée sur le citoyen implique le développement d’un prototype d’assistant IA au cours des six à douze prochains mois. Si cette évaluation s’avère fructueuse, un déploiement national est prévu à partir de fin 2027. Cependant, le gouvernement n’a pas encore clarifié quels sont les «développeurs d’IA les plus brillants du monde» qui ont été engagés dans cette entreprise, ni n’a fourni d’assurances concernant les implications légales si ces grands modèles linguistiques (LLM) «hallucinent» — un terme désignant le moment où l’IA génère des informations plausibles mais factuellement incorrectes. De telles erreurs, si elles sont appliquées aux interactions officielles du gouvernement, pourraient potentiellement mettre les citoyens dans de graves difficultés juridiques. Le ministère de la Science, de l’Innovation et de la Technologie (DSIT) a déclaré que le programme destiné aux citoyens sera «entièrement facultatif», mais les détails sur la protection des utilisateurs restent insaisissables.
Au-delà de l’interaction publique, le gouvernement fait également progresser les applications d’IA au sein de ses cadres opérationnels. Les médecins, par exemple, devraient avoir accès à la technologie LLM pour accélérer la rédaction des documents de sortie en extrayant des détails cruciaux des dossiers médicaux, y compris les diagnostics et les résultats des tests. Cette initiative, déjà en cours de développement au Chelsea and Westminster NHS Trust avec un financement du programme AI Exemplars, soulève des préoccupations similaires concernant le problème des «hallucinations» et les limitations de la «longueur de la fenêtre contextuelle» d’un LLM, pouvant potentiellement entraîner des inexactitudes dans les dossiers des patients. Un autre projet, «Justice Transcribe», déploie activement des modèles d’apprentissage automatique pour la prise de notes en direct et la transcription par les agents de probation, avec des plans de déploiement national à l’ensemble des 12 000 employés après une phase pilote. D’autres projets annoncés incluent une «boutique de contenu IA» pour les écoles, un outil appelé «Extract» pour numériser rapidement des informations provenant d’anciens documents de planification et de cartes manuscrits, et l’assistant «Humphrey» précédemment révélé pour les fonctionnaires — un nom ironiquement choisi d’après le fonctionnaire machiavélique de la série télévisée satirique Oui, ministre.
Ces efforts collectifs des «Exemplars» de l’IA, selon Kyle, devraient générer un impressionnant gain de productivité de 45 milliards de livres sterling à travers le Royaume-Uni. Une grande partie de cette direction stratégique est supervisée par Jade Leung, qui a été nommée conseillère en IA du Premier ministre, tout en étant simultanément directrice de la technologie à l’Institut de sécurité de l’IA. Leung, avec un parcours comprenant un doctorat d’Oxford en gouvernance de l’IA et un mandat chez OpenAI, est chargée de positionner le Royaume-Uni comme un leader mondial dans l’exploitation des avantages de l’IA et la préparation à ses impacts sociétaux. Sa nomination souligne l’engagement profond du gouvernement à intégrer l’IA dans ses fonctions essentielles et ses services publics.
L’adhésion fervente du gouvernement britannique à l’IA est indéniable, avec des calendriers ambitieux et des projections économiques significatives. Pourtant, à mesure que ces technologies transformatrices passent de la promesse théorique à l’application pratique, des questions critiques persistent concernant l’atténuation des risques inhérents à l’IA, en particulier le potentiel d’inexactitudes factuelles et leurs ramifications légales pour les citoyens. Le chemin à parcourir est pavé d’immenses opportunités et de défis complexes qui exigent des solutions robustes en matière de sécurité, de fiabilité et de responsabilité.