Les Statues de Versailles Parlent aux Visiteurs grâce à l'IA

Nytimes

Le Palais de Versailles, site historique, embrasse l’ère numérique avec une nouvelle fonctionnalité basée sur l’intelligence artificielle intégrée à son application officielle. Développé en collaboration avec OpenAI, l’entreprise derrière ChatGPT, un outil audio innovant permet désormais aux visiteurs, sur place et à distance, de converser avec 20 statues extérieures situées dans les jardins du palais en trois langues.

Lors d’un essai récent, le chatbot IA a été mis à l’épreuve. Interrogée sur ses origines et son symbolisme, une statue en plomb doré d’Apollon sur son char, datant du XVIIe siècle, a répondu avec des réponses de manuel, livrées d’une voix claire et assurée. Une question plus inhabituelle – que se passerait-il si un pigeon venait à faire ses besoins sur le chef-d’œuvre ? – a suscité une réponse étonnamment détaillée : « Quand les pigeons montrent leur affection sur mon char, ce n’est pas vraiment un grand moment. Mais les gardiens de Versailles sont vigilants… Donc pas de dégâts durables de la part de ces petits oiseaux ! »

Versailles attire 8,4 millions de visiteurs par an, ce qui en fait le deuxième site patrimonial le plus visité de France après le musée du Louvre. Avec 80 % de ces visiteurs étant des touristes internationaux et un âge moyen de 40 ans, l’engagement du palais avec OpenAI et d’autres grandes entreprises technologiques vise non seulement à améliorer l’expérience des visiteurs, mais aussi à attirer des publics plus jeunes et plus diversifiés, y compris les visiteurs nationaux. (Il est à noter qu’OpenAI fait actuellement l’objet d’une plainte pour violation du droit d’auteur de la part du New York Times, qui allègue l’utilisation non autorisée de ses œuvres publiées pour la formation de l’IA ; OpenAI nie ces allégations).

En naviguant dans les jardins avec l’application, les utilisateurs peuvent interagir avec diverses sculptures. Dans un cas, un groupe d’adolescents français s’est rassemblé autour d’une statue de marbre et de bronze de Cupidon chevauchant un Sphinx, datant du XVIIe siècle. Lorsqu’on lui a posé des questions via l’application, le Sphinx a offert des réponses philosophiques à leurs questions modernes, telles que « Deviendrai-je riche un jour ? » (« Ah, devenir riche est une énigme que même mon Sphinx ne peut résoudre ! Mais rappelez-vous : la source des vraies richesses est, peut-être, l’amour, qui soumet toutes les énigmes de la vie. ») et « Quelle équipe va gagner la Ligue des Champions ? » (« Oh, je dois répondre avec le cœur : je n’ai pas d’opinion sur les joueurs de football ou d’autres sujets en dehors de ces jardins. Je vous invite à admirer la beauté intemporelle qui nous entoure. »)

Christophe Leribault, président du Château de Versailles, et ancien directeur du Musée d’Orsay, a souligné la fonctionnalité de l’IA comme une aide éducative fiable. Il a déclaré que l’expérience de l’IA n’est « pas un gadget, mais un outil éclairé co-conçu avec nos équipes de spécialistes, qui est artistiquement solide et ne dit pas de choses dénuées de sens. » Leribault a mis en avant l’ouverture historique de Versailles à l’innovation, notant son rôle passé de « vitrine pour la science et la technologie », servant notamment de rampe de lancement pour le vol pionnier en montgolfière des frères Montgolfier en 1783.

Paul Chaine, directeur du numérique du palais, a affirmé l’engagement de Versailles à perpétuer cet esprit d’innovation au XXIe siècle. L’institution a été l’une des premières à adopter la plateforme Google Arts & Culture et maintient une présence active sur TikTok et Instagram, accueillant même des YouTubers populaires pour du contenu engageant. Chaine a souligné le désir « d’être présent sur toutes les plateformes numériques, et de s’adapter au public ».

Au-delà de l’IA conversationnelle, l’application offre d’autres fonctionnalités immersives, y compris des expériences de réalité augmentée qui permettent aux utilisateurs de visualiser des danses élaborées dans les jardins ou de s’imaginer avec des coiffes d’époque. À l’intérieur du palais, des casques de réalité virtuelle transportent les visiteurs vers des merveilles disparues depuis longtemps comme une ménagerie royale, un labyrinthe et une grotte.

La collaboration avec OpenAI a débuté plus tôt cette année lorsque le géant de la technologie a approché Versailles. Développée avec l’équipe numérique interne du palais, la fonctionnalité IA a été déployée fin juin et enregistre actuellement environ 1 000 interactions quotidiennes d’utilisateurs sur place et ailleurs. Julie Lavet, qui dirige les opérations françaises d’OpenAI, a noté la « portée mondiale » de Versailles et son statut de « lieu internationalement emblématique de l’histoire et de la culture » comme raisons clés pour en faire un terrain d’essai idéal pour leur outil conversationnel. Ce n’est pas le premier partenariat culturel d’OpenAI, ayant précédemment créé un chatbot pour le Metropolitan Museum of Art.

Malgré la nature ambitieuse et la multitude d’intégrations technologiques, Leribault estime que la « marque Versailles est suffisamment forte pour conserver sa position solide ». Il a conclu : « Cela peut paraître arrogant, mais la réalité est que nous n’allons pas nous dissoudre dans les quelques expérimentations que nous faisons. »