L'Indonésie lance un fonds souverain IA pour devenir un hub régional
L’Indonésie trace une voie ambitieuse dans le paysage mondial de l’intelligence artificielle, proposant un “fonds souverain d’IA” dédié pour alimenter ses aspirations à devenir un hub technologique régional. Ce développement significatif, révélé dans un document gouvernemental, souligne la détermination de l’archipel à rejoindre la compétition mondiale accélérée en matière d’IA et de fabrication de puces.
Cette initiative intervient alors que la plus grande économie d’Asie du Sud-Est se prépare à publier sa première feuille de route nationale sur l’IA, une démarche stratégique conçue pour attirer des investissements étrangers substantiels. Cette poussée reflète les efforts des nations voisines, comme la Malaisie, qui a déjà obtenu des milliards de dollars de la part de grandes entreprises technologiques mondiales cherchant à établir des infrastructures critiques pour la demande croissante de services cloud et d’IA.
Les détails de la stratégie indonésienne sont décrits dans un livre blanc complet de 179 pages. Parmi ses recommandations clés figure l’établissement d’un fonds souverain d’IA, dont la gestion sera principalement assurée par Danantara Indonesia, le nouveau fonds souverain du pays, qui gère des actifs dépassant les 900 milliards de dollars. Bien que le capital précis requis pour le fonds d’IA reste non spécifié, le document prévoit un calendrier de mise en place de 2027 à 2029, envisageant un modèle de partenariat public-privé pour financer les ambitions de l’Indonésie en matière d’IA. La stratégie suggère également d’améliorer les incitations fiscales pour les investisseurs nationaux dans le secteur de l’IA, bien que des détails spécifiques sur ces incitations n’aient pas été fournis.
Actuellement en attente de commentaires publics avant sa finalisation, ce document stratégique du ministère des communications et du numérique offre une évaluation approfondie de la préparation informatique de l’Indonésie pour l’IA. Il présente également des recommandations politiques pour le développement lié à l’IA s’étendant jusqu’en 2030. Le document reconnaît avec franchise que l’Indonésie est actuellement aux “premiers stades de l’adoption de l’IA”, mais il souligne une collaboration significative, avec des contributions de géants de l’industrie comme Huawei (Chine) et la plus grande entreprise technologique d’Indonésie, GoTo.
L’impulsion économique de cette démarche est substantielle. Un rapport d’avril du Boston Consulting Group a indiqué que les nations de l’ASEAN sont prêtes à réaliser des gains économiques significatifs grâce à l’IA, avec des contributions potentielles au PIB allant de 2,3 % à 3,1 % d’ici 2027. L’Indonésie, en particulier, devrait connaître l’impact le plus élevé en termes de croissance absolue du produit intérieur brut, soulignant l’immense potentiel que l’IA représente pour son économie.
Cependant, la feuille de route de l’Indonésie aborde également franchement les défis redoutables à venir. Ceux-ci incluent une pénurie notable de talents qualifiés, un financement de recherche insuffisant et une connectivité internet inégale qui persiste en dehors des grands centres urbains. Le livre blanc signale également des risques critiques tels que la propagation de la désinformation et le potentiel de fuites de données, soulignant la nécessité d’une gouvernance robuste parallèlement aux avancées technologiques. Malgré ces obstacles, des puissances technologiques mondiales comme Nvidia et Microsoft ont déjà signalé leur intérêt, courtisant activement l’élan croissant de l’Indonésie en matière d’IA, un témoignage du potentiel perçu de la nation dans ce domaine transformateur.