Puces IA : L'accord Trump force Nvidia et AMD à payer pour vendre en Chine

Nytimes

Dans un tournant surprenant pour la politique commerciale américaine, l’administration Trump a conclu un accord sans précédent avec les principaux fabricants de puces américains, Nvidia et Advanced Micro Devices (AMD), exigeant qu’ils remettent 15 % de leurs ventes de puces d’intelligence artificielle (IA) à la Chine au gouvernement américain. Cet arrangement, qui accorde aux entreprises des licences d’exportation pour leurs processeurs IA haute performance, introduit une dimension nouvelle et controversée aux différends commerciaux en cours et au récit plus large entourant la sécurité nationale et la domination technologique.

Pendant des années, le président Trump a poursuivi une stratégie commerciale mondiale axée sur la réaffirmation de la supériorité américaine dans le commerce international et les technologies émergentes critiques, en particulier l’intelligence artificielle. L’objectif déclaré de l’administration a été de sauvegarder le leadership technologique et les intérêts de sécurité nationale des États-Unis contre les menaces perçues de la part de leurs rivaux. Cependant, ce récent accord avec Nvidia et AMD soulève des questions fondamentales sur les véritables objectifs et les ramifications potentielles à long terme d’une telle approche. Les analystes débattent maintenant si cet accord innovant représente une nouvelle forme de politique industrielle, où le gouvernement influence directement les flux de revenus des entreprises au profit de la nation, ou une tactique plus coercitive s’apparentant à l’extorsion, exigeant un prélèvement financier pour des opérations commerciales standard.

La genèse de cet accord particulier a impliqué un engagement direct entre la Maison Blanche et les géants de la technologie. Le PDG de Nvidia, Jensen Huang, aurait rencontré le président Trump en avril, présentant un argument convaincant selon lequel la restriction des ventes de puces IA avancées à la Chine nuirait finalement aux entreprises technologiques américaines. Huang a affirmé que de telles interdictions non seulement céderaient une part de marché significative, mais accéléreraient également la montée en puissance de concurrents chinois, tels que Huawei, leur permettant de développer leurs propres capacités indigènes et potentiellement de dépasser l’innovation américaine dans ce secteur critique. Suite à ces discussions, Nvidia a accepté de céder une partie de ses ventes de ses processeurs H20, un composant clé pour le développement de l’IA. Le Département du Commerce a ensuite accordé les licences d’exportation nécessaires seulement deux jours plus tard. AMD a conclu un accord similaire concernant sa puce MI308, soulignant une tendance plus large dans l’engagement de l’administration avec l’industrie des semi-conducteurs.

Cet arrangement sans précédent force une réévaluation des objectifs commerciaux ultimes de l’administration Trump. L’objectif principal est-il de générer des revenus pour le Trésor américain, ou est-ce une manœuvre calculée pour maintenir un équilibre délicat entre l’entrave au progrès technologique chinois et la préservation de la rentabilité et du leadership mondial des entreprises technologiques américaines ? Les critiques soutiennent qu’une telle approche transactionnelle pourrait involontairement compromettre le leadership de longue date de Washington dans le développement de l’IA et potentiellement compromettre la sécurité nationale en faisant du gouvernement américain un bénéficiaire financier direct des ventes à un rival géopolitique. L’accord crée également un précédent qui pourrait être appliqué à d’autres secteurs stratégiques, suscitant des préoccupations quant à l’avenir du commerce international et au rôle du gouvernement dans le commerce mondial. Les implications pour la propriété intellectuelle, l’accès au marché et le paysage concurrentiel de l’industrie technologique mondiale restent des sujets d’examen et de débat intenses parmi les décideurs politiques et les leaders de l’industrie.