Utérus robotique IA : Fausses nouvelles, vrai débat éthique
La récente révélation selon laquelle la firme chinoise Kaiwa Technology aurait développé des robots humanoïdes équipés de systèmes utérins artificiels avancés a fait des vagues dans les communautés technologique et médicale. Bien que l’histoire se soit rapidement révélée être une fabrication, la réaction rapide et intense qu’elle a provoquée souligne les profondes questions éthiques et pratiques qu’une telle technologie soulèverait inévitablement. L’idée même brouille les lignes entre la robotique, l’intelligence artificielle et la reproduction humaine, invitant à des spéculations qui font écho aux récits de science-fiction dystopiques.
L’annonce trompeuse de Kaiwa, opportunément synchronisée avec l’ouverture de l’Exposition mondiale des robots de Pékin, détaillait un prétendu prototype en “phase avancée”. Ce dispositif, affirmaient-ils, intégrait l’intelligence artificielle à la bio-ingénierie pour imiter méticuleusement les processus hormonaux et physiques de la grossesse humaine. Les robots étaient même décrits comme possédant des organes biosynthétiques capables de simuler la gestation dans un environnement contrôlé, y compris la fourniture de nutriments liquides à un embryon ou un fœtus. Si ces affirmations avaient été vraies, la société suggérait que les robots dotés d’un utérus se vendraient finalement environ 14 000 dollars, un chiffre qui pâlit en comparaison des 100 000 à 200 000 dollars généralement requis pour la gestation pour autrui humaine aux États-Unis. Cependant, il manquait ostensiblement aux affirmations élaborées de Kaiwa tout détail concernant l’utilisation de matériel biologique, d’ovules humains, de spermatozoïdes ou d’embryons, ni même comment un bébé serait finalement mis au monde.
Mettant de côté la question immédiate de la désinformation, le concept d’un utérus robotique fonctionnel présente une myriade de défis, le plus immédiat étant les risques inhérents pour le fœtus en développement. Un système défectueux pourrait facilement endommager ou interrompre une grossesse. Contrairement à un simple système hydroponique, un fœtus humain dépend du placenta incroyablement complexe et dynamique – le véritable moteur de la gestation – qui grandit, s’adapte et se développe avec le fœtus, délivrant un mélange précis de nutriments et de signaux. Reproduire une merveille biologique aussi délicate et complexe représenterait une réalisation scientifique monumentale, bien plus difficile que l’utérus artificiel lui-même.
Au-delà des obstacles techniques, les implications éthiques et juridiques sont stupéfiantes. Il y a eu un manque notable de discussion publique ou de validation éthique pour de telles technologies de reproduction avancées. Un débat significatif existe déjà sur l’avenir de la reproduction humaine, et l’introduction d’une composante robotique compliquerait davantage les questions de relations, de propriété et de droits parentaux, en particulier dans les juridictions où les embryons sont reconnus comme propriété. Le paysage juridique entourant la technologie de reproduction est une tapisserie complexe et variée, influencée par les lois nationales, les réglementations régionales, les normes culturelles et les doctrines religieuses. Déterminer la propriété à chaque étape du processus – de la conception à la naissance – nécessiterait une étude et un débat exhaustifs, manquant presque certainement à la plupart des normes bioéthiques établies. De plus, les mécanismes de surveillance et d’application pour un tel système en cas d’infractions représentent une autre couche de complexité juridique et éthique.
La perspective de robots dotés d’intelligence artificielle soulève également des préoccupations quant à leur potentiel de statut de personne. Si des robots hautement sophistiqués devaient finalement se voir accorder des protections juridiques similaires à celles des humains, ou développer la capacité d’émotions, le cadre éthique et juridique deviendrait exponentiellement plus complexe. Les critiques expriment également des appréhensions quant au potentiel d’utilisation abusive ou de déshumanisation du processus de gestation, craignant que les utérus artificiels ne conduisent à la création d’“entités semblables à des humains” sans pleins droits biologiques ni considérations morales. Comme l’a noté Yi Fuxian, obstétricien à l’Université du Wisconsin-Madison, la grossesse est un “processus extrêmement complexe” avec des étapes critiques et délicates, et même la gestation synthétique chez des animaux comme les moutons a entraîné divers problèmes de santé physique et mentale chez la progéniture.
Malgré ces profondes préoccupations, les avantages potentiels d’un utérus synthétique sont également convaincants. Si elle est développée de manière éthique et sûre, une telle technologie pourrait révolutionner la recherche sur l’infertilité et l’assistance reproductive, offrant une voie nettement plus abordable vers la parentalité pour beaucoup. Elle promet également d’améliorer les soins néonatals, aidant potentiellement les bébés extrêmement prématurés en prévenant des complications graves comme les lésions cérébrales, les lésions pulmonaires ou la cécité. En effet, les avancées en matière de soins néonatals pourraient par inadvertance propulser cette technologie vers l’avant, indépendamment de toute intention directe de créer un utérus entièrement robotique.
Les pressions économiques et démographiques dans certaines régions sont également des moteurs importants. Des rapports récents indiquent que les secteurs technologiques en Chine et en Corée du Sud surveillent de près les développements en matière de gestation artificielle. La Corée du Sud, où les robots représentent déjà 10 % de la main-d’œuvre, a déclaré sa chute drastique du taux de natalité comme une urgence nationale. Le gouvernement a investi plus de 200 milliards de dollars dans des programmes de fertilité au cours des 18 dernières années, mais les taux de natalité restent obstinément bas. Avec des plans d’injecter 2,24 milliards de dollars dans l’automatisation d’ici 2030, des pays comme la Corée du Sud et le Japon, confrontés à des défis démographiques similaires, pourraient devenir des marchés majeurs pour un robot de grossesse subventionné par le gouvernement, remodelant fondamentalement l’avenir de la reproduction humaine.